Est-Ce Normal De Payer Plus les Hommes ?
Chez nos voisins français, l’écart de salaire moyen entre un homme et une femme est de 24%/ En d’autres termes, le salaire moyen annuel d’un homme est de 23.000 € contre 17.400 € pour une femme. D’où vient une telle différence ? Vient-elle seulement d’un phénomène de discrimination à l’embauche ?
Il semblerait que non ! Les causes de ces inégalités sont multiples. Tout d’abord, les différences de temps de travail entrainent un écart de rémunération de 11%. En effet, les femmes travaillent plus souvent à temps partiel.
Ensuite la ségrégation par métier génère un écart de 7% de revenus. Les femmes sont généralement plus actives dans des secteurs professionnels moins bien rémunérés. Pour finir, 6% des différences de salaire peuvent être attribuées à la ségrégation verticale. Ces 3 facteurs combinés expliquent tout de même pour plus de 20% des différences de salaire entre homme et femme. Essayons donc de décrypter et de mieux comprendre ces 3 facteurs !
Premièrement, le travail à temps partiel. Les femmes optent pour cette solution à cause de leur famille. La principale baisse de revenus pour les femmes se produit au moment de la naissance de leur premier enfant. C’est donc une perte de 20% de rémunération qui s’observe chez les femmes alors que les hommes n’en subissent aucune, car les femmes décident à ce moment d’opter pour un temps partiel.
A noter qu’un tiers de ces temps partiels sont subis et non choisis et qu’il s’agit de postes moins qualifiés avec un moins bon salaire. Ce sont donc la plupart du temps les femmes qui réalisent du temps partiel familial pour permettre de conserver un cadre familial de qualité pour les enfants.
Deuxièmement, la ségrégation des métiers. Pourquoi les femmes sont-elles surreprésentées dans les secteurs professionnels les moins rémunérateurs ?
La première raison venant à l’esprit est la discrimination à l’embauche et pourtant ce n’est pas de ce côté-là qu’il faut chercher. En effet, une étude d’envergure portant sur 100.000 candidats au Capes et à l’agrégation dans différentes matières où s’observe une surreprésentation masculine a démontré la présence d’un biais positif. Ce biais positif est à l’œuvre dans le recrutement des femmes dans des domaines où elles sont sous-représentées. Les employeurs cherchent donc à recruter des femmes dans ces domaines-là. Où est donc le problème ?
Le problème est que très peu de femmes sont disponibles dans ces domaines-là. La faute à un phénomène d’autosélection ! Les jeunes filles oseraient moins se présenter à des concours dans certaines filières dites masculines par peur d’être discriminées.
Une enquête récente dans les lycées a montré que 70% des filles pensent que les femmes sont discriminées en sciences et ont peur de tenter l’aventure. L’effet des stéréotypes joue donc un rôle immense dans le choix de carrière des femmes !
Troisièmement, la ségrégation verticale. Comment expliquer que dans un même métier, les femmes occupent des postes moins bien rémunérés ? C’est ce qu’on appelle l’effet du plafond de verre. Ce phénomène trouve une explication dans la discrimination mais pas uniquement ! Il semble que des mécanismes d’autocensure ou d’autosélection jouent un rôle. A cet égard, les recherches mettent en avant que les femmes sont moins enclines à choisir un univers compétitif et que leur performance dans cet univers sont moins bonnes que celles des hommes. Selon la théorie des « traits psychologiques » chez les femmes, le goût de la compétition tend à être moins développé. Ces recherches mettent donc en avant pourquoi les femmes hésitent à s’engager dans des milieux professionnels compétitifs.
Pour conclure, l’écart des salaires hommes-femmes semble bien plus compliqué qu’une simple histoire de discrimination à l’embauche. Comme l’article l’a mis en avant, plusieurs autres facteurs moins flagrants contribuent à alimenter cette différence salariale ! Que ce soit la ségrégation verticale, le temps de travail ou la ségrégation des métiers, tous jouent un rôle explicatif dans cette différence salariale. Il reste donc un long chemin à parcourir avant que les femmes soient au même stade, mais voyons le positif : il y a 25 ans l’écart était immensément plus grand que de nos jours ! De plus, la Belgique est un des pays avec l’écart salariale le plus bas d’Europe. Notre pays avance donc dans la bonne direction afin de permettre une égalité de salaire homme-femme !
Source : Thomas Breda (2017). Les femmes doivent croire en leurs chances. Cerveau & Psycho(88), 44-48