Pourquoi L’Open Space Ne Sert A Rien ?
De nos jours, 55% des salariés se retrouvent en open space. Cette mode de l’environnement ouvert émerge en 1980. A l’époque, les dirigeants misent dessus pour dynamiser les échanges entre salariés. L’open space avait pour ambition de tenir beaucoup de belles promesses, mais dans les faits, ça ne semble pas être aussi positif. Explications !
Tout d’abord, pourquoi cet engouement pour l’open space a-t-il vu le jour dans les années 80 ? L’idée principale de l’open space se trouve au niveau du coût. Par rapport à des bureaux individuels, l’open space est bien moins coûteux pour l’entreprise. La dépense est réduite, car la surface immobilière par salarié est réduite, ce qui permet de gagner entre 10 et 40% de mètres carrés.
Par exemple, depuis 1997 aux Royaume-Unis, la surface par employé est passée de 16,6m² à 11,8m². En plus de la surface, l’open space permet de faire des économies au niveau des frais de chauffage, d’aération, de la sécurité ainsi qu’au niveau des frais de mobilier de bureau.
En plus de ces économies au niveau des coûts, l’open space a pour objectif d’offrir une plus grande flexibilité et une adaptation plus rapide. A cet égard, le travail peut être réorganisé en fonction des besoins que ce soit en fonction du flux des commandes ou de la nécessité de réorganiser le travail d’équipe.
La suppression des barrières physiques a aussi pour but de faciliter la communication et le partage d’informations, de fournir des feedbacks plus fréquents, mais aussi d’atténuer les liens hiérarchiques entre les cadres et les employés.
Les attentes par rapport à l’open space sont donc très positives. De plus en plus d’études sont réalisées sur les effets de l’open space et nous permettent donc de voir s’il tient ses belles promesses faites dans les années 80. Dans les faits, l’open space fonctionne-il vraiment ?
Pour commencer, les employés en open space sont les moins satisfaits pour leur environnement de travail. Environ 75% des employés en Europe préféreraient avoir un bureau individuel et non devoir travailler en open space. Différentes études nous éclairent sur ce phénomène. Une étude de Bergström sur des employés relocalisés de bureaux individuels en open space a mis en évidence que 12 mois après avoir changé de type de bureau, les employés déclarent que leur santé s’est détériorée.
De plus, ils perçoivent leur travail comme moins significatif, ils se voient moins performants et s’y rendent avec moins de plaisir. Pourquoi donc l’open space aborde autant de points négatifs ?
Une partie de la réponse se trouve dans une recherche de Pjtersen. Les chercheurs ont démontré que le bruit en open space est la grande source d’insatisfaction et le problème majeur. Plus l’open space est grand, plus les employés se plaignent du bruit. En effet, un téléphone qui sonne a un poste inoccupé ou les conversations des collègues constituent des sources de bruit très importantes.
Le groupe de chercheurs de Evans a quant à lui prouvé que le bruit généré en open space augmente le stress et diminue la motivation ainsi que les performances des employés.
L’open space semble donc être victime de nombreux effets négatifs. Les effets positifs promis par les années 80 comme la facilité de communiquer en équipe arrivent-ils à contrebalancer ces effets négatifs ? Pour pouvoir bien collaborer, il faut avant tout pouvoir se concentrer sur son travail et mobiliser ses ressources internes. Cependant, la proximité des collègues semblent empêcher cette concentration.
En effet, les conversations entre collègues physiquement proches et qui n’ont aucun intérêt pour la personne sapent notre concentration avec pour conséquences une augmentation du stress, une baisse d’efficacité et de productivité. L’étude de Ipsos de 2014 sur 10500 salariés a monté qu’un salarié perd en moyenne 86 minutes chaque jour à cause des interruptions propres à l’open space.
Un autre effet plus étonnant, mais tout aussi dommageable est mis en lumière par une autre étude de Pejtersen : l’open space augmente l’absentéisme. Comparé à ceux qui travaillent seuls dans un bureau, la moyenne des jours d’arrêt de maladie sur un an est 62% plus élevée chez les employés qui travaillent dans un open space de plus de 6 personnes.
Pour conclure, les promesses faites par l’open space semblent donc fortement mises à mal. Face à la pression des coûts de l’immobilier, le développement des open space sont cependant inévitables. Il est donc primordial de trouver des solutions pour éviter qu’open space ne rime avec épuisement professionnel et absentéisme. Gérer le bruit, qui est le principal problème semble une bonne piste de solution.
Par exemple, privilégier des semi-cloisons pour l’intimité ou des espaces équipés de paravents insonorisés sont des possibilités viables. Quant à d’autres problèmes comme le stress, il est possible de faire appel à un business coach comme ceux que propose le Cabinet Pardons.
Source : Didier Truchot (2016). Reprendrez-vous un peu d’open space? Cerveau et Psycho, 80, 76-80.